Les milieux souterrains

Un patrimoine souterrain exceptionnel dans les Pyrénées Ariégeoises !

Le contexte géologique et climatique des Pyrénées a conduit à une abondance de massifs karstifiés et un compartimentage qui a favorisé le développement de populations endémiques, et en a fait un domaine vital souterrain particulièrement riche et bien étudié.

 Les Pyrénées Ariégeoises  sont reconnues au niveau mondial par la recherche bio-spéléologique, notamment grâce à la présence depuis 1950 du laboratoire souterrain de Moulis et les chercheurs du CNRS.

Tous les habitats souterrains identifiés dans les Cahiers d’Habitats sont représentés dans le projet de réserve et notamment des sites de référence au niveau mondial.

  • L’habitat souterrain dans les éboulis rocheux des montagnes calcaires ou non calcaires recouverts d’un sol (MSS), présent dans les versants des vallées, avec des espèces souterraines spécifiques et d’autres communes avec celles des grottes ; découvert en Ariège en 1980, et maintenant reconnu dans les zones montagneuses de l’Europe centrale et méridionale. La station ariégeoise MSS 100 (n°16) est la référence mondiale pour cet habitat.
  • L’habitat souterrain aquatique dans les remplissages (graviers, sable) des cours d’eau de surface (milieu interstitiel et hyporhéique) extrêmement répandu dans une majorité des cours d’eau en France et en Europe et notamment en Ariège. La station du ruisseau de Lachein (n°4) est une référence mondiale.
  • Le biotope hypothelminorhéique, relativement bien représenté en France, depuis sa découverte en 1962 en Ariège par le croate Milan Mestrov, de nouveau mis à l’ordre du jour aux Etats Unis, en Slovénie et en Croatie depuis 2006. Sous-inventorié, seule la station type (n°13) est prise en compte dans la RNN souterraine de l’Ariège.
  • Les grottes, avec en plus de leur réseau de fissures terrestres ou aquatiques inaccessibles par l’approche spéléologique mais dont la faune peut être inventoriée par la méthode de marquages-recaptures pour les invertébrés terrestres, par filtrage des résurgences pour les formes aquatiques. On en compte plus de 2000 en Ariège

Concernant la faune souterraine ariégeoise, le premier projet identifiait, en termes d’endémisme et de rareté :

  • 70 % soit 14 des 20 espèces de Coléoptères souterrains protégés présents en Ariège,
  • La plus importante population isolée sous terre à basse altitude de l’Amphibien pyrénéen protégé, Calotriton asper,
  • Les 9 principaux sites d’hibernation et de mise bas des Chauves-souris en Ariège (Minioptères, Rhinolophes, Murins), actuellement en APPB (Arrêté de Protection Préfectoral de Biotope),
  • Plusieurs sites renfermant des Mollusques Hydrobiidae protégés (en cours d’inventaire).

Par ailleurs, on notera que les cavités ariégeoises présentent aussi une richesse archéologique qu’il n’est plus à démontrer : quasiment toutes les cavités et leurs entrées montrent un potentiel archéologique ou paléontologique fort. Bien que ce potentiel ne détermine pas la création en RNNS, les critères de classement étant relatifs à la biodiversité et géodiversité, le projet tachera de prendre en compte ce potentiel. En effet, la partie souterraine des karsts appelée l’endokarst recèle des reliques archéologiques telles que des fossiles, silex encaissés, souvent invisibles en surface. L’asséchement de certains niveaux de galeries permet la conservation des sédiments et concrétions en place dont l’analyse est précieuse pour la reconstitution des climats et des environnements passés. Les cavernes sèches sont aussi de bons conservateurs des indices et traces de fréquentation ancienne par la faune et par l’Homme préhistorique. En Ariège les principaux thèmes d’études de la préhistoire sont abordés : archéologie funéraire, art rupestre (qui fleurit au Néolithique et se poursuit à l’âge de bronze) et pariétal, paléontologie des grands et micro vertébrés, mobilier lithique, céramique et métallique (à partir du début de l’Age de Bronze). Les avens ont pu fonctionner en pièges naturels, les grottes d’abris aux populations anciennes et jusqu’à la période actuelle.

Les particularités géologiques du territoire génèrent de forts volumes d’eau souterraine, notamment dans les zones karstiques.

Un projet de Réserve naturelle souterraine de l’Ariège

Depuis 2017, la DREAL Occitanie travaille à nouveau sur le projet de création de Réserve naturelle souterraine « éclatée de l’Ariège » et sollicite le Syndicat mixte du PNR des Pyrénées Ariégeoises (SMPNR) en vertu de l’article 7.2 de la Charte du Parc naturel régional à travers lequel « l’État reconnaît le Syndicat mixte comme un partenaire privilégié dans le cadre de la Réserve naturelle nationale souterraine de l’Ariège ».

A la demande du Bureau syndical du SMPNR, le Conseil scientifique du PNR s’est mobilisé sur le sujet. Il a pris acte, lors de sa réunion du 12 janvier 2017, de l’ampleur et de l’intérêt du projet mais aussi de la nécessité de revoir l’argumentaire scientifique du dossier dans différents domaines de spécialités (biologiques, géologiques, archéologiques…) et dans l’organisation des relations avec les acteurs concernés. Un groupe de travail pluriel et ouvert composé de scientifiques et de spécialistes a ainsi été mis sur pied, regroupant les spécialités suivantes dans un premier temps, géographie, mycologie, biospéléologie, archéologie, hydrogéologie, écologie, chiroptérologie, entomologie, spéléologie.

Aujourd’hui, un avant-projet est en cours de finalisation : il comprend une note de synthèse et un dossier scientifique. La phase de concertation va être lancée sur le territoire dans les prochains mois.

« Toutes les informations sur la dernière réunion de concertation du 9 novembre dernier ici 

Contact : Gaëlle Fedrigo

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