Les bouquetins ibériques de l’Ariège
Actus du pnr mai 2023
La journée d’une stagiaire tout près de fiers montagnards.
Histoire de captures pour le suivi des bouquetins
C’est encore tôt le matin quand nous prenons la route vers la vallée du Vicdessos et montons dans les Pyrénées ariégeoises. Parfois, les rayons du soleil caressent déjà le fond de la vallée. Dans la voiture, il règne une atmosphère pleine d’une joyeuse attente et d’un peu de tension. Où les bouquetins ont passé cette nuit ? Où sont-ils en ce moment ? Sera-t-il possible de capturer un des mâles aujourd’hui ? Julien, en charge du dossier bouquetin au PNR des Pyrénées ariégeoises, et Alex, vétérinaire du Parc national des Pyrénées, accompagnent les bouquetins ariégeois déjà depuis plusieurs années. Encore hier, ils en ont capturé un. Nous suivons la route en direction du Col d’Agnes et gardons les yeux ouverts. Le matin, les bouquetins descendent de leurs aires de repos pour paître les prairies au-dessous, pas loin de la route. Mais aujourd’hui, c’est encore tranquille. Ensemble, nous attendons les bouquetins pour descendre de la voiture. Pour pouvoir tirer avec le fusil hypodermique, il faut que Julien s’approche jusqu’à moins de 30 mètres des animaux. Soudain, quelques individus apparaissent sur la prairie. Le troupeau se compose de cinq males et d’une femelle. L’hiver, les groupes de bouquetins sont des mélanges de mâles et de femelles. Ce n’est qu’au printemps qu’ils se partagent : les males quittent le groupe avec le mise-bas des femelles. Comme le risque d’affaiblir les femelles qui attendent un cabri est trop grand, elles ne sont capturées qu’en automne.
L’après-midi, c’est parti : les bouquetins sont descendus sur la prairie. Julien se rapproche doucement des animaux pendant nous nous installons à une certaine distance pour observer la scène et Julien en action. Le suspense est immense. Enfin, le coup part. Un gros male, très sombre, a reçu la flèche anesthésique. Nous mesurons le temps. Le bouquetin commence à baisser la tête, puis il se couche et s’endort. C’est le signe. Nous nous rapprochons du bouquetin, tout en faisant très attention : deux personnes tiennent les jambes, une personne agrippe les cornes, une troisième le corps. On mesure tout le bouquetin : les cornes (il a onze ans), la longueur totale, l’étendue des jambes et de la poitrine. De plus, on prélève un échantillon de sang et un de fientes. Finalement, le bouquetin reçoit un marquage auriculaire. Nous attendons à distance que le bouquetin se réveille. Il se lève doucement, puis il s’enfuit tout en nous regardant encore un peu confusément. C’est fascinant d’avoir pu voir cet animal avec ses grandes cornes tortueuses et le poil sombre si près. Contents, nous prenons le chemin de retour : ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de capturer un des bouquetins. Et demain, on revient !